Le "lait végétal" ou "boisson végétale" (lait d'amande, lait d'avoine, etc) que nous achetons pour les petits-déjeuners végans a un prix très élevé. Le plus surprenant, c'est qu'il coûte 2 à 3 fois plus cher que le lait de vache !
Pourtant, le travail que demande l'élevage d'un animal pour produire du lait semble bien plus exigeant en temps et ressources que la transformation de végétaux. La logique voudrait donc que le lait animal soit le plus cher des deux. Alors comment expliquer un tel écart de prix ? Afin de trouver réponse à cette question, l'équipe de Rutabago a enquêté sur ces nouveaux produits et sur leurs équivalents d'origine animale. Tour d'horizon des différents modes de production laitiers !
Un prix élevé, mais justifié ?
Les laits végétaux proviennent de ressources végétales et sont essentiellement composés d'eau. Le bon sens voudrait qu'ils coûtent moins cher qu'un lait produit par un animal, mais la réalité est toute autre... Cela s'explique par plusieurs raisons.
- La flambée des prix des matières premières
L'une des premières raisons qui expliqueraient le prix élevé des "laits végétaux" est le prix des matières premières utilisées pour produire la boisson. Intrinsèquement lié aux tendances du marché, le prix d'achat des ingrédients varie selon la demande et le cours mondial des matières premières. Un exemple éloquent est celui du soja dont le cours a grimpé à des niveaux records cette année. Dans son rapport mensuel, le Conseil international des céréales (CIC) évalue la production de soja à 7% de plus que l'an dernier ! Un rebond qui a significativement impacté le prix d'achat mais aussi de vente du soja.
- Des investissements importants en développement
Par ailleurs, les boissons végétales ont des coûts de production relativement élevés. Pour obtenir le goût et une texture similaires au lait animal, de nombreuses recherches et des tests sont réalisés sur les graines et les fibres végétales. Le processus de fabrication demande donc des investissements importants en recherche. Parmi les boissons végétales, le "lait d'avoine" est la boissons dont la production est la plus économe. Son coût de production est inférieur à un tiers environ de celui des amandes. Cette différence se répercute sur les prix en magasin : 2€29 le litre de boisson à l'avoine chez Bjorg, tandis que la boisson aux amandes est à 3€29/
- Vegan et bio, une stratégie de différenciation
Enfin, les boissons végétales appartiennent au segment des produits vegans et la plupart sont produites à partir de graines ou végétaux issus de l'agriculture biologique. Ce positionnement permet aux marques d'attribuer des prix légèrement plus élevés à leur produit. Le prix est une équation aux paramètres multiples et dans ce cas des boissons végétales, il est souvent justifié par un mode de production raisonné et par la qualité supérieure du produit.
Toutes ces raisons permettent de se dire que le prix des boissons végétales semble justifié. Mais comment expliquer dans ce cas un tel écart avec les prix du lait animal ?
La "crise du lait"
Depuis 2015, la filière laitière européenne connaît une "crise du lait" sans précédent. Des événements récents ont impacté les prix et désorganisé les flux commerciaux, ce qui a profondément déséquilibré la chaîne d'approvisionnement. Tout en bas de la pyramide, les producteurs laitiers sont les premières victimes de ces fluctuations de prix.
En définitive, de nombreuses raisons (mais dont aucune n’est satisfaisante) expliquent le prix particulièrement bas du lait de vache.
L’intensification de la production laitière, accélérée par la crise économique et l’abolition des quotas laitiers, a participé à la dérégulation du marché et a fait drastiquement chuter les prix en l’espace de 8 ans. Cette baisse du prix a également été rendue possible par l’exploitation intensive des vaches laitières et par une politique de prix féroce de la part des distributeurs, qui n’ont cessé de brader les produits au dépens des éleveurs-agriculteurs. La différence de prix entre le lait de vache et les boissons végétales s’explique aussi par des modes de production très différents, d’un côté intensif, de l’autre plus raisonné.
En conclusion, le prix d’un litre de "lait végétal » est bien plus justifié que le faible prix du lait animal, dont la production se fait souvent aux dépens des hommes, des animaux et de l’environnement.
Retrouvez l'intégralité de cette astuce proposée par Rutabago sur leur blog également.